Un hyperactif, pense-t-on souvent, est un enfant qui ne
tient pas en place, turbulent, agressif, souvent en échec
scolaire. Bonne définition ?
Il y a des clichés. Les enfants hyperactifs souffrent d'un
trouble neuropsychologique bien réel avec des incidences sur
la scolarité et sur le comportement social. Ce trouble est
souvent associé à un déficit d'attention. Ces enfants ont du
mal à se concentrer, ils n'intègrent pas les consignes du
premier coup et ont du mal à rester en place. Autre
signe : les prémisses d'un comportement de fuite dans la
drôlerie en classe et une baisse d'estime de soi. Les
hyperactifs ne sont que très rarement agressifs, mais leur
différence, le fait qu'ils soient hors normes, est perçue
comme une agressivité par l'entourage.
A combien chiffre-t-on le nombre d'enfants
atteints de ce trouble ?
Selon les estimations, entre 3 et 5 % des enfants
d'âge scolaire seraient hyperactifs. Cela veut dire qu'en
moyenne, dans chacune de nos classes, il y aurait un élève
hyperactif. La présence du trouble est de 4 à 9 fois plus
élevée chez les petits garçons que chez les petites filles, en
partie parce que l'hyperactivité des filles est moins
perturbatrice à l'école, là où ce trouble est le plus
généralement décelé.
Les enseignants sont-ils préparés à ce type de
comportements ?
Actuellement, les futurs professeurs des écoles démarrent
leur formation avec un niveau bac + 3. Ceux qui l'ont validé
dans une faculté de psychologie sont les mieux préparés. Les
plus anciens enseignants jouent de leurs expériences.
Rappelons aussi qu'ils ont la charge de 20 à 40 élèves.
En l'absence d'une formation sur le sujet, ils font parfois le
choix d'exclure « la brebis galeuse » pour mieux
s'occuper de ceux qui ne posent pas de problèmes.
Le « réel désarroi » des parents
Et les parents ?
Ils ne sont naturellement pas préparés pour faire face à ce
type de comportement. Consciemment, notre « enfant
imaginaire » correspond à un enfant sage et brillant à
l'école. Inconsciemment, notre « enfant fantasmé »
obéit aux mêmes principes. Chez des parents insupportés par
les plaintes de l'école et désemparés par le comportement de
leur enfant, le désarroi est réel.
Comment dépister l'hyperactivité ?
Il existe des méthodes assez fiables, mais qui relèvent de
la compétence de médecins et de psychologues cliniciens. Il ne
faut pas accorder de crédit aux tests que l'on trouve sur
Internet, par exemple. Tout juste peuvent-ils alerter les
parents, et motiver une demande de consultation
spécialisée.
L'hyperactivité se soigne-t-elle ?
On n'élimine pas vraiment l'hyperactivité infantile. On
vise plutôt à minimiser les manifestations du trouble afin
d'aider le jeune à mieux fonctionner socialement. Pour
atteindre ces objectifs, on dispose de différents moyens. Soit
la psychothérapie et des rééducations spécifiques (comme la
rééducation psychomotrice pour apprendre à canaliser
l'énergie), soit le traitement médicamenteux. Les deux
méthodes ne sont pas contradictoires et peuvent se
combiner.
Faut-il un milieu scolaire adapté ?
Je suis favorable à une spécialisation des écoles. Pour
l'heure, il n'y a aucune chance de voir s'ouvrir une école
spécialisée pour enfants hyperactifs en France. On peut voir
s'organiser, ici ou là, un dispositif dit « adapté »
(ou une scolarisation partielle avec une partie du temps
consacré à des activités collectives dans un centre
psycho-éducatif), mais l'objectif reste l'intégration au sein
de l'école générale.
Propos recueillis par
Nicolas SOURISCE.
Jean-Charles Nayebi vient de publier :
L'hyperactivité en 90 questions, éditions Retz,
15,90 €.