10 mai 2006
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« Dans chaque classe, un enfant hyperactif »
Interview de Jean-Charles Nayebi, psychologue clinicien et psychothérapeute, sur ce trouble souvent mal diagnostiqué.

Un hyperactif, pense-t-on souvent, est un enfant qui ne tient pas en place, turbulent, agressif, souvent en échec scolaire. Bonne définition ?

Il y a des clichés. Les enfants hyperactifs souffrent d'un trouble neuropsychologique bien réel avec des incidences sur la scolarité et sur le comportement social. Ce trouble est souvent associé à un déficit d'attention. Ces enfants ont du mal à se concentrer, ils n'intègrent pas les consignes du premier coup et ont du mal à rester en place. Autre signe : les prémisses d'un comportement de fuite dans la drôlerie en classe et une baisse d'estime de soi. Les hyperactifs ne sont que très rarement agressifs, mais leur différence, le fait qu'ils soient hors normes, est perçue comme une agressivité par l'entourage.

A combien chiffre-t-on le nombre d'enfants atteints de ce trouble ?

Selon les estimations, entre 3 et 5 % des enfants d'âge scolaire seraient hyperactifs. Cela veut dire qu'en moyenne, dans chacune de nos classes, il y aurait un élève hyperactif. La présence du trouble est de 4 à 9 fois plus élevée chez les petits garçons que chez les petites filles, en partie parce que l'hyperactivité des filles est moins perturbatrice à l'école, là où ce trouble est le plus généralement décelé.

Les enseignants sont-ils préparés à ce type de comportements ?

Actuellement, les futurs professeurs des écoles démarrent leur formation avec un niveau bac + 3. Ceux qui l'ont validé dans une faculté de psychologie sont les mieux préparés. Les plus anciens enseignants jouent de leurs expériences. Rappelons aussi qu'ils ont la charge de 20 à 40 élèves. En l'absence d'une formation sur le sujet, ils font parfois le choix d'exclure « la brebis galeuse » pour mieux s'occuper de ceux qui ne posent pas de problèmes.

Le « réel désarroi » des parents

Et les parents ?

Ils ne sont naturellement pas préparés pour faire face à ce type de comportement. Consciemment, notre « enfant imaginaire » correspond à un enfant sage et brillant à l'école. Inconsciemment, notre « enfant fantasmé » obéit aux mêmes principes. Chez des parents insupportés par les plaintes de l'école et désemparés par le comportement de leur enfant, le désarroi est réel.

Comment dépister l'hyperactivité ?

Il existe des méthodes assez fiables, mais qui relèvent de la compétence de médecins et de psychologues cliniciens. Il ne faut pas accorder de crédit aux tests que l'on trouve sur Internet, par exemple. Tout juste peuvent-ils alerter les parents, et motiver une demande de consultation spécialisée.

L'hyperactivité se soigne-t-elle ?

On n'élimine pas vraiment l'hyperactivité infantile. On vise plutôt à minimiser les manifestations du trouble afin d'aider le jeune à mieux fonctionner socialement. Pour atteindre ces objectifs, on dispose de différents moyens. Soit la psychothérapie et des rééducations spécifiques (comme la rééducation psychomotrice pour apprendre à canaliser l'énergie), soit le traitement médicamenteux. Les deux méthodes ne sont pas contradictoires et peuvent se combiner.

Faut-il un milieu scolaire adapté ?

Je suis favorable à une spécialisation des écoles. Pour l'heure, il n'y a aucune chance de voir s'ouvrir une école spécialisée pour enfants hyperactifs en France. On peut voir s'organiser, ici ou là, un dispositif dit « adapté » (ou une scolarisation partielle avec une partie du temps consacré à des activités collectives dans un centre psycho-éducatif), mais l'objectif reste l'intégration au sein de l'école générale.

Propos recueillis par

Nicolas SOURISCE.

Jean-Charles Nayebi vient de publier : L'hyperactivité en 90 questions, éditions Retz, 15,90 €.

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